Luis EL DUENDE

GUITARISTE IMPROVISATEUR

 

Arrangements de Luis EL DUENDE :

I. Musique latino-américaine: Pampa (Argentine), Andes (Argentine, Pérou), Mexique

 

 

La Llorona, air  traditionnel mexicain

Sur un tempo de valse à trois temps se déploient des accents mélancoliques au lyrisme latinoaméricain alternant avec des cadences incantatoires évoquant les racines hispaniques: la Pleureuse, dont la légende remonte aux Aztèques, attire les hommes vers la rivière… et la mort…

 

El Condor pasà, air péruvien

Evocation de l’envol du condor au lever du jour depuis les cimes, pour aller boire à la rivière.

 

Camino del pastor, vidala (pièce pastorale) argentine pour quena, flûte des Andes (Uña RAMOS)

Evocation de la solitude humaine dans la montagne… et de la vie…

 

Carnavalito quebradeno, air argentin (Los Hermanos ABALOS)

Ce morceau entraîne au fond des montagnes sur un rythme allègre de carnavalito 

 

Ariel RAMIREZ (1921 – 2010)

Agnus Dei, mouvement de la  Misa Criolla inspiré par la Pampa argentine

Gloria, mouvement de la Misa Criolla basé sur des rythmes argentins de carnavalito et yaravi

 

II. Musique populaire brésilienne et Latin jazz

 

Mañha do Carnaval (Luiz BONFA)

Au caractère caraïbe nonchalant, la bossa-nova imprime un rythme “cool“ est influencé par le jazz: c’est ici l’air le plus connu de la musique du film Orfeu Negro (1959).

 

Agua de beber (Antonio Carlos JOBIM)

Le scat (onomatopées chantées) de cette bossa-nova marque au sceau du jazz cette “eau“ très   tonique.

 

Wave (Antonio Carlos JOBIM)

La “vague“ perçue du coeur évoque au fil du balançao (swing brésilien) de la bossa-nova l’amour “fondamental“…

 

Meditação (Antonio Carlos JOBIM)

Le voyage à la grâce jubilatoire de cette bossa-nova entraîne vers un ailleurs “méditatif“…

 

Forro de ovo (Hermeto PASCOAL)

Il s’agit d’un baião, rythme du Nordeste brésilien aux réminiscences africaines

 

Canto de Ossanha (Baden  POWELL)

Aux sources de la bossa-nova, la samba - danse rapide – est issue d’influences caraïbes et africaines: c’est ici la plus fameuse afro-samba du grand musicien brésilien.

 

Modinha ,  Heitor VILLA-LOBOS (1887-1959)

Apparue d’abord dans la colonie brésilienne, puis transportée au Portugal à la cour de Lisbonne au XVIIIe s., la modinha est une chanson d’amour traditionnelle qui reste un genre populaire très vivant au Brésil. Modinha (1926) est la version réécrite par VILLA-LOBOS lui-même pour chant et guitare, d’après la pièce n°5 de son recueil de 14 Serestas (sérénades) pour chant et piano.

L’arrangement proposé ici a bénéficié d’une longue pratique du jeu de toutes les oeuvres pour guitare seule de VILLA-LOBOS, et d’une écoute attentive d’une bonne part de son oeuvre immense pour piano, chant, orchestre, instruments divers… L’idée de ce travail a été, tout en conservant l’essentiel de l’accompagnement guitaristique conçu par le compositeur, de l’adapter en le fusionnant à la mélodie, pour faire à la fois ressortir son lyrisme, et bien respecter son rythme précis (♪ – - ♫ – ♪ -) associé à la culture brésilienne revenant dans plusieurs passages : ce n’est pas vraiment le cas dans les vidéos de la version pour chant et guitare consultables sur de grands sites, où le tempo n’est pas homogène, avec la cantatrice qui accentue souvent le côté voix d’opéra, et le guitariste qui même s’il est virtuose tend à s’emballer parfois trop en solo pour ensuite ralentir de façon manifeste dans l’accompagnement sans en marquer nettement le rythme.

 

Samba de Orfeu (Luiz BONFA)

Cet air très connu, prisé des jazzmen, intervient dans la musique  du film Orfeu Negro.

 

III. Musique d’inspiration flamenca

 

Malaguena (Ernesto LECUONA)

Cette pièce très célèbre du grand compositeur cubain entraîne irrésistiblement dans le rythme d’une danse originaire de la province de MALAGA en Espagne…

Manuel de FALLA (1876 – 1946)

- Nana, pièce n°5 des  »Siete canciones populares españolas«  pour voix mezzo et piano

De cette pièce fameuse (1915) inspirée par une berceuse (« nana »  en espagnol) populaire andalouse, c’est le premier arrangement à être proposé pour guitare seule: la mélodie incantatoire s’élève et s’élance à nouveau; puis est repris le très bel arpège impressionniste d’accompagnement de la partition originale, aux variations harmoniques incessantes; enfin la mélodie renaît, source vive de mélancolie et d’espoir…

- Danza del molinero pour orchestre

C’est la farrucca - danse galicienne – extrait de “El sombrero de Tres picos“  (« Le tricorne« ) pour orchestre

 

Federico GARCIA LORCA : Anciennes chansons populaires andalouses recueillies et harmonisées pour chant et piano par le poète

- « Las morillas de Jaen »

Cet air du XVe s. évoque trois jeunes mauresques, anciennes chrétiennes converties de force…

- « El vito »

Sur le rythme d’une danse populaire andalouse de Cordoue évoquant un sortilège, le refrain de cette chanson est très populaire en Espagne

- « El café de Chinitas »

Ce rythme est celui d’une petenera, danse de la région de Cadiz

- « Nana de Sevilla »

Cette berceuse andalouse chante l’attendrissement des passants sur un nourisson laissé dans la rue par une gitane

- “Zorongo gitano »

Cette danse du XVIIIe s. évoque une gitane pleurant au cours  de la nuit un amour perdu

 

Joaquín RODRIGO (1901-1999)

Thème de l’adagio du concerto d’Aranjuez pour guitare et orchestre – version du compositeur pour voix mezzo et piano

Le compositeur dédia ce concerto (1939) à sa femme alors que jeune mariée elle venait de perdre leur enfant. Le fameux mouvement lent, le deuxième des trois du concerto, est caractéristique par ses ornements mauresques, ainsi que l’atmosphère envoûtante et le lyrisme poignant annonçant l’arrivée du duende, état de transe et tension émotionnelle partagées entre artiste et public, propre au flamenco dans la musique andalouse. Immortalisé à la trompette par Miles DAVIS dans « Sketches of Spain », il a inspiré bien d’autres musiciens: jazzmen (Chick COREA), guitaristes (Paco de LUCIA , Carlos SANTANA), chanteurs (Richard ANTHONY, Michel SARDOU, Hélène SEGARA, Amália RODRIGUES, Nana MOUSKOURI, FAIRUZ)…

Adela, pour chant et guitare  

Adela, pièce n°2 des 3 Chansons espagnoles pour chant et guitare de RODRIGO, est une version réécrite par le compositeur lui-même d’après la pièce n°9 de son recueil de 12 Chansons espagnoles pour chant et piano (1951).

Cette chanson évoque un amour malheureux de la jeune Adela qui la rend malade, la rapprochant peu à peu de la mort. L’ atmosphère envoûtante du morceau s’étoffe de deux particularités voulues par le compositeur à la guitare: le bourdon (corde la plus grave) d’habitude en Mi est accordé ici en Do ♯ qui résonne régulièrement à vide, partie prenante d’un simple et remarquable accompagnement arpégé faisant intervenir également un Do ♯ en harmonique à l’octave, écho cristallin du bourdon précédent.

L’arrangement pour guitare seule conserve le plus possible l‘accompagnement conçu par le compositeur, et l’adapte quand il faut le fusionner à la mélodie de façon à faire ressortir le lyrisme poignant de celle-ci.

 

IV. Flamenco-jazz

J’ai terminé en août 2017, avec mon partenaire ingénieur du son Michaël TESTELIN, l’enregistrement en studio du premier arrangement mondial pour guitare d’un morceau du grand trompettiste de jazz Miles DAVIS , que je venais d’achever .

Il s’agit de « The Pan piper« , troisième pièce du fameux album pour trompette et orchestre « Sketches of Spain » de Miles DAVIS en collaboration avec le compositeur / arrangeur Gil EVANS, album particulièrement célèbre par son premier morceau « Concierto de Aranjuez (Adagio) », où Miles DAVIS très inspiré réinterprète en flamenco jazz l’oeuvre classique du compositeur espagnol Joaquin RODRIGO . L’arrangement proposé est le fruit de plusieurs mois de travail, consacrés à l’écoute totale de cet album et à son adaptation pour la guitare, double source et vecteur de flamenco et jazz . Les éléments mélodiques et rythmiques propres au morceau sont revisités en s’accomplissant spécifiquement à la guitare, grâce aux possibilités techniques très variées de l’instrument, comme les harmoniques naturelles et à l’octave, et celles traditionnelles du flamenco : accord déroulé avec tous les doigts de la main droite (rasgueado), percussion sur le chevalet (tambora)…

L’album “Sketches of Spain”, paru en juillet 1960 et issu de la troisième grande collaboration en studio entre Miles DAVIS et son ami Gil EVANS, est une œuvre inépuisable qui devint rapidement l’une des plus grandes pages de l’histoire du jazz. Sa réussite tient à une parfaite osmose et une complicité idéale que Gil EVANS expliquait par la chance de partager la même idée du “sound”, et relève d’une alchimie sonore totalement nouvelle, au mélange de timbres inouïs et d’instrumentations aux harmonies audacieuses, avec une voix instrumentale qui n’avait jamais été sertie d’aussi riches textures polyphoniques .

L’album se compose de 3 pièces originales de Gil EVANS (“The Pan Piper”, “Saeta” et “Solea”), ainsi que de 2 réorchestrations d’œuvres classiques : “Will o’ the Wisp” d’après “El Amor brujo” ballet composé en 1915 par le grand compositeur espagnol Manuel DE FALLA, et le célèbre “Concierto de Aranjuez“ (du nom de la ville royale située au sud de Madrid) pour guitare et orchestre, écrit par le compositeur espagnol Joaquín RODRIGO en 1939, dont l’Adagio central a marqué des générations de musiciens.

Alors jeune guitariste de classique et flamenco depuis presque une dizaine d’années et fasciné par le “Concierto de Aranjuez“, j’avais pu me procurer le 33t de “Sketches of Spain” dès sa parution en 1960, et beaucoup plus tard en juillet 1988 j’avais eu la chance d’assister proche de la scène à un concert mémorable de Miles DAVIS avec sa formation du moment dans les arènes de Nîmes (https://vimeo.com/27988291) . L’idée me vint alors d’arranger un jour pour guitare un ou plusieurs de ses morceaux inspirés par le flamenco : d’abord “Sketches of Spain” – mis à part l’Adagio du “Concierto de Aranjuez“ dont j’avais déjà réalisé un arrangement pour guitare classique solo, puis les ”Flamenco sketches” de “Kind of blue” autre fameux album, voire la musique du film “Siesta”…

L’ethnomusicologue Alan LOMAX, qui dirigeait une collection de musique ethnique pour le label Columbia Records, avait enregistré à Vigo en Galice un aria de flûte de Pan : adapté par Gil EVANS, qui connaissait bien les compositeurs espagnols, il devint “The Pan Piper”, pièce qui m’attirait en premier dans “Sketches of Spain” par son authenticité du dialogue entre trompette et orchestre. L’arrangement correspondant a été enregistré sur une guitare de concert choisie en 2010 à Séville chez le grand luthier espagnol Valeriano BERNAL (modèle « Al-Alba« , favori du guitariste flamenco Paco de LUCIA…) . Sur le site, 2 versions finales de l’arrangement (durée : 4’15″) seront proposées au public, chacune d’une part avec un extrait de 30″ en audition libre, d’autre part en option à coût réduit répondant au souhait d’écoute et acquisition du contenu intégral : la version directe flamenco-jazz, et une autre sonorisée comme « musique de film » après travail acoustique à la table de mixage…